“Si la mixité est une condition sine qua non de l’égalité, elle n’est de loin pas synonyme d’égalité”

 

La mixité est mise à l’honneur depuis de nombreuses décennies. Comme vitrine de ce phénomène: les écoles qui depuis les années 60 la défendent avec ferveurs. “Après avoir été objet de scandale, elle est devenue pour la société française une sorte d’évidence” (Claude Zaidman, 2007, §47). La mixité est perçu comme “un idéal démocratique”. Ne dit t'on pas Liberté, égalité, fraternité? La mixité serait alors la réalisation de l’égalité. Selon la définition du dictionnaire cnrtl, la mixité entre les genres c’est la “non-séparation des sexes; fait que garçons et filles se côtoient, vivent ensemble dans un même établissement, sont éduqués ensemble” Une égalité du fait de la simple co-présence ou de la co-éducation. Cette vision de la scolarité donne l’occasion de se connaître l’autre sexe, de briser les stéréotypes, de donner à voir des possibles surtout pour filles. C’est-à-dire, leur ouvrir les portes de domaines définis comme masculin.

 

Admise par la plupart de la population, la mixité est devenue un consensus.  Il aura fallu des centaines d’année pour reconnaître les bienfaits de la mixité. La mixité est une conquête qui n’est jamais gagné d’avance, elle n’est jamais acquise. Elle est toujours remise en question selon les contextes où elle s’impose. Si les loi sur l’égalité entre les femmes et les hommes fleurissent, la quasi absence d’article sur la mixité en dit long. A l’inverse, disposer d’un cadre légal ne suffit pas pour que la mixité soit de mise entre les hommes et le femmes. Dans le monde du travail, il y a toujours plus d’hommes garagistes et plus de femmes secrétaires.

 

Pourtant cette mixité est de plus en plus attaquée. Les chercheurs en sciences sociales comme Sophie Rodari et Marie Anderfuhren en pointent les limites. Selon elles, la mixité à l’école n’a pas eu les effets désirés. A l’école, la mixité a tendance à engendrer des tension entre les sexes et parfois même elle renforce les stéréotypes. “les membre de groupes différents ont tendance à  se définir par ce qui les distingue plus que par ce qui marque leur ressemblance” Donc pour se distinguer, les filles optent pour une l’auto-stéréotype. D’elles même, elles vont accentuer les caractéristiques féminines tel que la pudeur, la retenue… Et c’est ainsi qu’elles se dévalorisent par rapport aux garçons et que les stéréotypes sont transmis. Cet exemple montre ce que l’on observe donc dans toute sorte domaine: une marginalisation des femmes qui conduit à une non-mixité qui n’est pas choisie mais subie.

 

La non-mixité choisie est un sujet d’actualité. Depuis quelques années en France, on voit fleurir des mouvement de non-mixité. Le principe de la non-mixité est l’exclusion. Dans un temps et un espace donné, on crée un entre-soi, on se rassemble sur un ou des critères communs. Peu de travaux parle de la non mixité et quand elle est abordé c’est de manière péjorative, comme un renferment des femmes sur elles mêmes alors qu’elles ont tant lutté pour la mixité. La non-mixité est donc souvent perçue comme une régression et anti-républicain.

Quand on étudie la non-mixité, il faut être précis. les études se font au cas par cas. Quelles sont les intentions de la non-mixité? Tous groupe ne revendique pas les mêmes choses. L’écart est grand entre un groupe religieux qui veut imposer la non-mixité à la piscine ou un groupe de discussion sur des sujets tabous comme le viol.

 

Souvent porté par des femmes pour appuyer leurs luttes féministes. Ces espaces où les hommes sont exclus permettent réflexion et les revendications prise de conscience et de parole. La non-mixité choisie est comme une bifurcation sur le chemin de la mixité et de l’égalité. Ce qui nous intéresse sont les groupe qui se rassemble car ils se sentent en minorité et/ou opprimé. Le but est d’éloigner la figure dominante de la société et ainsi créer un espace d’expression sans auto-censure.

 

Lors d’une soirée sur le terrain, je rencontre une femme d’un trentaine d’années et sa mère. J’aborde le sujet de la non-mixité pour savoir ce qu’elle pense des meuf-in-stage. Elle me dit qu’elle est professeur de sport en collège. Dans son établissement, des cours de sport en non-mixité sont proposés. Ils ont très vite rencontrés un grand succès. Il s’agit de cours où les élèves sont séparés selon leur genre. Dans ce cas le genre du professeur n’a pas d’importance. Elle a constaté que durant ces cours “les filles sont plus à l’aise, elles ont plus confiance en elle”. Certaines constamment absente sont devenue plus assidue. pour résumer, ces filles font plus de sport depuis que les cours sont en non-mixité. Pour cette professeurs de sport, la non-mixité est une étape vers l’égalité.

 

Qu’en est-il du Rita-Plage, notre principal sujet d’étude. Rappelons le principe du Meuf-in-Stage. Une fois par mois, la scène du Rita-Plage est réservée aux “meufs, gouines, trans”. Toute l’organisation est féminine, de la programmation à la technique. Comme le dit marlène, il n’y a aucun homme “en barrière de sécurité ou en filet, y en a pas”. Les mots choisis par Marlène pour parler des Meuf-in-Stage sont importants, ils rendent compte de la démarche du Rita-plage. En effet, ces soirées étaient définie il y a encore peu de temps comme des scènes en non-mixité choisie. Et donc dans une démarche d’exclusion du genre masculin. Or le but n’est pas d’exclure les hommes mais de rendre visible certaines minorités. La démarche est inclusive et Marlène à remplacé la non-mixité choisie par une mixité choisie. Elle choisit qui elle veut mettre en lumière sans pour autant rejeter les hommes qui restent toujours présent puisque la salle est ouverte à tous. On a donc au Rita-Plage une mixité choisie qui visibilise les minorités de genre.

 

Selon Dubet “la co-éducatio des sexes n’a pas tenu ses promesses, mais la déception ne saurait faire oublier que les filles y ont gagné plus que perdu et que les garçons n’y ont pas forcément perdu tout ce que les filles ont gagné (2010:85). Il ne faut pas oublier tout le bienfaits que la mixité à apporter aux rapports en femmes et hommes. Cependant, ne restons pas naïf, la mixité à elle seule ne peut pas résoudre les problèmes d’inégalités entre les sexes. C’est pourquoi il est important de se pencher sur ce type de questionnement. La non-mixité choisie ou tout type de mixité choisie comme au Rita-Plage est donc une étape, un premier pas vers une mixité plus juste et plus égalitaire.





Biblio:

Loyer Barbara, Papin Delphine, « Entretien avec Caroline Fourest. Le féminisme laïque contre les intégrismes », Hérodote, 2010/1 (n° 136), p. 26-41. DOI : 10.3917/her.136.0026. URL : https://www.cairn.info/revue-herodote-2010-1-page-26.htm

Sans garantie de mixité